Ta maladie la pute

Aujourd'hui c'est mon anniversaire.
J'aimais bien les anniversaires...
Toi pas.

Aujourd'hui,  j'ai besoin de te dire au revoir.

Tu sais combien les mots comptent pour moi.
Ces mots par lesquels  longtemps nous avons communié.
Ces mots que j'ai fini par garder pour moi seule.
Ceux là sont pour toi.
Ici ce seront les derniers.



Aujourd'hui, tu es mort depuis un mois et une semaine.

Tu as quitté le navire, t'as pas voulu essayer la prochaine station.
Trop loin, trop dure, trop difficile.
T'es parti comme t'as vécu, en silence, sans faire de bruit, discrètement...




T'es parti malheureux, mon Poison, mon Amour, t'es parti malheureux et seul...

Pied de nez  à ta maladie la pute qui a bouffé ta vie...

C'est juste ton coeur qui a fait arrêt-pause.
Temps mort.
La mort dans l'âme...
Et c'est le Gilles de WATTEAU qui éclabousse mes yeux.


Ta maladie la pute.
Elle pourra même pas dire que c'est elle qui t'a emmené...

Salope qui t'a volé à Nous.
Salope vicieuse qui te transformait tantôt en monstre délirant, agressif et méchant, manipulateur pervers ou fou violent.
Tantôt qui t'abattait, anesthésiait  tout le bon et le bien du doux  ténébreux , généreux,  original , brillant et drôle qui m'avait emportée.
Ta maladie la pute qui  sabrait  ton corps, te donnait le coeur gros et  liquéfiait ton cerveau.
Ta maladie la  pute qui te faisait légume, indolore, incolore, inutile, insipide, inexistant, usé, faible, fatigué,

 "boulet" comme tu disais...

C'est pourtant celle qui te tenait la main ce jour là, c'est la seule qui t'a accompagné jusqu'au bout, moi je n'ai eu droit qu'à  tes yeux si beaux rendus si laids de ce vide infini et douloureux qui me terrorisait...
Ta maladie la pute, qui volait le regard habité de celui que j'aimais.


Je t'ai aimé comme une dingue.
Mon Poison, mon Amour.
Je t'ai aimé au delà de moi-même.


Alors, j'ai ce goût âmer comme celui d'une tragédie contemporaine ratée.


J'ai rêvé parfois ta mort comme la seule issue possible à tes souffrances et aux nôtres...
Je sais que tu le savais.

Tu savais que tu allais mourir, n'est-ce pas?
Tu sais bien que je le sentais...




Alors Bon vent, Free Bird, bon vent... 

Profites de ta paix, de ce repos à l'infini.
Nous cinq ici bas, nous avons du chagrin mais nous marchons vers la nôtre.